« Malakh », en hébreu, signifie aussi bien « ange » que « messager ». En arabe, « malāk », qui signifie un ange. De toute manière, un ange est un messager de Dieu.
On peut qualifier les malakhim (pluriel de malakh) d’émissaires divins. Re-marquons qu’en grec ancien « émissaire » se dit « aggelos ». En grec, « messager » se dit « angeliofóros ». On retrouve la racine « angel ». Comme quoi, les notions d’ange et de messager sont bien liées !
En persan, « ággaros » désigne celui qui autrefois était chargé de relayer les messages, les annonces, du roi. Le mot « laakh » — suffixe de « malakh » retrouvable entre autres dans l’arabe et le cananéen — veut dire une mission, généralement celles des porte-paroles des anciennes cours royales.
On comprend que tous ces sens et toutes ces origines étymologiques s’inter-pénètrent et que, dans tous les cas, un malakh est un envoyé. D’ailleurs, la racine hébraïque LK désigne un envoi. Le verbe malak, en hébreu, signifie « faire de quelqu'un, ou devenir, roi ou reine ». C’est, encore, régner, occuper le trône. Et « melek », ayant cette précédente racine, veut dire « roi » en hébreu. En même temps, le roi est souvent considéré comme un envoyé de Dieu. Par extension, « melek » peut qualifier celui dont le comportement est pur ou digne d’un roi.
Remarquons qu’en ancien français « melekin » désigne de l'or d'excellente qualité. Un message doré ne peut-il pas joliment symboliser le message d’un ange ?
Plus précisément maintenant, dans la Bible hébraïque, le mot « malakh » est traduit par entre autres :
— « ange ». Par exemple, le Livre de la Genèse aborde, dans le chapitre 28, un songe nocturne de Jacob durant lequel il voit « les Anges de Dieu » qui « montaient et descendaient » par une échelle venant du ciel et « dressée sur la Terre ». « Il eut un songe. Et voici, une échelle était appuyée sur la terre, et son sommet touchait au ciel. Et voici, les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle. » (Genèse 28:12 LSG) D’ailleurs, nous servons-nous de cette échelle pour nous reconnecter à notre Esprit du haut, notre âme ?
— « messager », comme, par exemple, dans le Livre d’Ésaïe. « Voici, les héros poussent des cris au dehors; Les messagers de paix pleurent amèrement. » (Ésaïe 33:7 LSG)
Sinon, la tradition hébraïque décrit des malakhim (pluriel de malakh) de la façon suivante. Elle est spécialement intellectuelle. Plus exactement, l’énergie du malakh est intellectualité ; et ce, au service de la vérité transcendante, métaphysique, divine. Il y a, chez un malakh, attrait pour le concept clé à dénicher et à utiliser pour la bonne cause, à travers une sage conscience de la matérialité. Précisons que cette approche concerne les malakhim incarnés dans un corps humain. On peut considérer que tout prophète reconnu dans les religions abrahamiques est un malakh.
Si un malakh est incarné, il récupère aussi un ego. Ainsi, il ne pourra pas être à cent pour cent dans l’altruisme. Son équilibre se situera, comme les autres êtres humains, au cœur de la Merkabah.
Si un malakh reste désincarné, il est exclusivement énergie angélique, émissaire divin constitué uniquement d’amour inconditionnel. Les malakhim peu-vent être comparés aux gardiens dans ce verset du Coran (traduit par Jacques Berque) : « [...] il y a sur vous des gardiens généreux pour inscrire vos actions qu'ils connaissent si bien ! » (82:10-12) Selon les passages de la Bible, les malakhim sont soit des messagers faits de chair et d’os soit des anges venus directement du Ciel.
Le malakh « en chef » est l’archange Mikael étant donné le sens du mot Mikael signifiant : « Qui est comme Dieu ? »
Et puis le malakh « en chef » n’est-il pas « l’Ange de l’Éternel / du Seigneur / de Dieu » indiqué notamment dans ces passages clés de la Bible hébraïque ?
— « Abraham tendit la main pour prendre le couteau et immoler son fils. Alors l'Ange du Seigneur appela du ciel et cria : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici. » » (Genèse 22:10-11 TOB)
— « Moïse faisait paître le troupeau de son beau-père Jethro, prêtre de
Madiân. Il mena le troupeau au-delà du désert et parvint à la montagne de Dieu, à l'Horeb. L'Ange du Seigneur lui apparut dans une flamme de feu, du milieu du buisson. Il regarda : le buisson était en feu et le buisson n’était pas dévoré. Moïse dit : « Je vais faire un détour pour voir cette grande vision : pourquoi le buisson ne brûle-t-il pas ? » Le Seigneur vit qu'il avait fait un dé-tour pour voir, et Dieu l'appela au milieu du buisson : « Moïse ! Moïse ! » » (Exode 3:1-4 TOB)
D’autant qu’à travers l’expression « l’ange du Seigneur », est, en vérité, réalisée une traduction de YHVH MLK c’est-à-dire « l’ange de celui qui est qui il sera » donc — en rappelant que Mikael veut dire « celui comme Dieu ». Dans l'absolu, nous pouvons nous dire : qu'importe que tel passage biblique désigne tel ou tel ange, un ange reste un fragment de Dieu, une manifestation de Dieu à travers un message particulier, une intention particulière.
Nous pouvons tout de même préciser que « l’Ange de l’Éternel », précédemment cité, est souvent lié à l’image du feu. Et c’est l’archange Mikael qui est associé à l’élément feu sinon au Soleil. Jésus-Christ, au passage, baptise par le feu. D’où encore ce passage biblique : « Comme la flamme montait de dessus l'autel vers le ciel, l'ange de l’Éternel monta dans la flamme de l'autel. A cette vue, Manoach et sa femme tombèrent la face contre terre. L'ange de l’Éternel n'apparut plus à Manoach et à sa femme. Alors Manoach comprit que c'était l'ange de l'Eternel, » (Juges 13:20-21 LSG) Au passage, la couleur du feu peut être comparée à celle de l’or donc d’un melekin. L'or, lui, peut symboliser la lumière. Baptiser par le feu peut notamment signifier promettre l'ascension c'est-à-dire la fusion de l'âme et de l'Esprit préparée par la création et la croissance, dans le monde des Cieux et de l'unité divine, d'un Corps de lumière.
Les malakhim, pour en revenir au sens traditionnel et hébraïque au-delà de la Bible, agissent au niveau de la Ruah, l’un des cinq niveaux de conscience de l’âme distingués dans la kabbale hébraïque, les quatre autres étant Yeh’idah, H’ayah, Neshama et Nefesh.
La kabbale hébraïque énumère, en outre, 4 mondes (olamim), contenant ces précédents niveaux. Je les résume dans le tableau suivant. Des précisions concernant chaque olam :
— Atsilut est le monde le plus élevé donc le plus proche de la lumière divine. On peut surnommer ce monde le Divin. Angéologiquement, on y retrouverait (je parle au conditionnel car cela dépend de la qualité des traductions de l’hébreu en français) les séraphins (seraphim) et les chérubins (keroubim) ;
— dans Briah, on retrouve les idées. On peut surnommer ce monde le monde spirituel ;
— dans Yetsirah, le monde d’où viennent les malakhim, les idées prennent une forme mais ne sont pas portées par un corps. On peut surnommer ce monde le monde mental ;
— dans Assiah, qui correspond à notre monde terrestre donc à celui des humains, les idées sont contenues dans le corps. D’où les corps subtils appelés les Corps terrestres ainsi que le Corps physique. On peut surnommer ce monde le monde matériel.